mardi 10 décembre 2013

CCCM 2: Le Jeu du Chat et de la Souris

  Bienvenue à toi ô visiteur! Nous revoici pour notre second CCCM! Que du bonheur, pas vrai? 
Pour le mois de décembre, tes hôtes Séri et Oly sont tombées d'accord pour te faire découvrir un manga yaoï qui mérite bien un petit article...




Le pourquoi d'Oly...

  Avant de commencer ce CCCM 2, il est important de bien comprendre de quoi nous allons parler. 
Tout d'abord, qu'est-ce qu'un manga yaoï? Il s'agit d'un manga, généralement dédié aux femmes, parlant d'homosexualité masculine. Bien souvent, il est question d'histoires d'amour entre lycéens ou encore prof/élèves, ce qui reste assez candide comme les shojos de base, mais certains se distinguent de part leur caractère franchement loufoque (comme Gravitation) ou de par leur beauté graphique (BrotherXBrother). Enfin, certains yaoïs se distinguent d'autant plus car ils concernent un public beaucoup plus mature avec des sujets centrant sur le monde adulte, ce qui est le cas pour Le Jeu du Chat et de la Souris.

  L'auteur, Setona Mizushiro est loin d'être une mangaka perdue dans la masse, elle a notamment écrit L'infirmerie après les cours ou encore Black Rose Alice. Déjà habituée au genre sensuel et aux tourments de l'amour adolescent, la mangaka s'est, avec Le Jeu du Chat et de la Souris, lancée dans un univers beaucoup plus proche du réel en nous narrant la passion entre Kyoïchi et Imagasé. 
  

  Alors que Kyoïchi est marié, il retrouve un vieil ami de la fac, Imagasé devenu détective qui lui annonce de but en blanc que sa femme cherche à prouver ses infidélités. Paniqué, le faible Kyoïchi est prêt à tout pour que rien ne sorte (trop gentil pour résister à une femme) et Imagasé en profite pour profiter de sa crédulité. Homosexuel assumé, Imagasé est amoureux de son sempaï depuis la fac et l'occasion est trop belle pour qu'il la laisse passer. Commence alors une relation houleuse entre les deux hommes, pleine de non-dits et de sensualité. L'un est un amoureux damné et l'autre est un naïf aux idées bien arrêtées. A coup de "je t'aime et je te quitte" le couple se sépare et recommence son histoire, découvrant peu à peu des sentiments bien plus dévastateurs que ce que laissait présager la première impression de leurs retrouvailles...


  Ce qui fait la force brute de ce manga, c'est qu'il est totalement crédible. Le désir sexuel et les sentiments sont décrits tels qu'ils sont réellement, sans images candides et sans vulgarité. Les deux personnages sont des hommes mais une passion pareille pourrait tout aussi bien marcher avec un couple hétérosexuel, ou entre deux femmes. Le but de Setona Mizushiro n'est pas de primer l'homosexualité - bien que le thème soit au centre de l'histoire, bien évidemment - mais le sentiment amoureux et ses conséquences parfois irrémédiables sur la vie de ses victimes. 

  Doublé d'un style frisant la perfection du manga réaliste, Le Jeu du Chat et de la Souris pourrait aussi bien être un film qu'un livre que ça marcherait aussi bien! Avec un duo tels que Kyoïchi et Imagasé, l'histoire tient toute seule sans même avoir besoin de personnages secondaires. L'amour entre ces deux là est tellement fort qu'il frise la folie pour un et le déni total pour l'autre. La passion se change en ouragan au fil des péripéties, donnant des réactions imprévisibles où les répliques sont aussi ironiques que glaçantes. 


  Série en deux tomes, Le Jeu du Chat et de la Souris est une histoire relativement vraie et touchante. L'univers mature de Setona Mizushiro nous laisse sans voix et le duo Imagasé/Kyoïchi nous hante jusqu'à la dernière page, leur relation nous laissant sur les rotules tant les hauts et les bas s'accumulent à la vitesse grand V tout au long des chapitres. Un amour aussi ardent, ça laisse toujours vide de force...


En bref: même si l'on est pas fan du genre, Le Jeu du Chat et de la Souris est un incontournable. Il touche au coeur et restera fidèle à votre étagère pour toujours! Adoptez-le!
Le moins: je veux une suite... pitié?
Le plus: la qualité du dessin qui s'améliore de pages en pages, du rêve!


Le pourquoi de Séri...

  Le titre de ce manga présage déjà d'une histoire basée sur un va-et-vient incessant. Quel sera ce jeu? Qui participera à cette partie d'échec? Car oui, nous pourrions lire le manga comme une matérialisation d'un jeu d'échec géant. Les deux protagonistes Imagasé et Kyoïchi pourraient être des figures de rois, l'un blanc et l'autre noir. Ils se livrent une bataille et se rejoignent sur l'échiquier, se mettent en échec, déplacent leurs pions et tentent de prendre le dessus. Les chapitres sont comme des étapes successives d'une stratégie des deux personnages. Ainsi ils se quittent et se retrouvent. C'est le jeu du chat et de la souris, du prédateur et de la proie. Le chasseur, Imagasé assume sa différence et vit en marge de la société. Même son métier reflète sa personnalité décalée: il est détective. Coïncidence ou choix délibéré de l'auteur de donner un métier évocateur et symbolique à son personnage. Le détective, c'est tout simplement celui qui cherche, chasse et traque la personne que son client veut faire surveiller. La proie, ce roi blanc c'est Kyoïchi, l'homme bien installé au métier stable et conventionnel. Pourtant il n'est pas si sage qu'il n'y paraît puisqu'il va découvrir le vice et un nouvel horizon en compagnie d'Imagasé (qui en agace plus d'un, pardon pour ce jeu de mots...).


L'amour qui naît ainsi entre les deux hommes est à la fois complexe et doit rester secret. Si Kyoïchi tolère leur relation ce n'est uniquement que dans la sphère privée. Hors des murs il doit paraître respectable et d'amour qui consume son corps, comme son coeur, doit être dissimulé. Le personnage de Kyoïchi est donc plus ambigu qu'il n'y paraît. Il a une double personnalité (attention, je ne veux pas dire qu'il est schizophrène): celle de l'intérieure, son Moi profond et véritable; face à celle de l'extérieure, des apparences qu'il s'obstine à montrer à tous. Nous pouvons donc lire ce manga comme une réflexion métaphysique sur la question de l'identité, de l'apprentissage et de la quête de soi. 


  L'auteur est une "performatrice", une virtuose de l'ironie et de la satire. Elle parvient à introduire un comique de situation ainsi que de geste au sein même de situations aux allures dramatiques. C'est une bouffée d'air frais. De plus, la notion de jeu, annoncé dans le titre du manga est restituée de manière habile. Il s'agit vraiment d'un constant "fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis", un jeu de rôle drôle qui s'opère entre le prédateur félin et sa proie.
Ils se trouvent, s'aiment, se détestent et se quittent pour se retrouver à nouveau et s'aimer encore d'avantage avant de se séparer plus violemment. La tension est palpable et va crescendo au fil de la narration. Les liens, les griffes d'Imagasé se referment peu à peu sur Kyoïchi qui est désormais tout entier dévoué à son chasseur. Il se laisse aller et oublie ses angoisses du début pour exprimer toute la passion qui anime son être. Les deux corps ne forment plus qu'une seule et même entité. Ils se sont trouvés ou du moins retrouvés, enfin pour un temps... Car dans l'ombre, les femmes guettent le moment opportun pour s'emparer de Kyoïchi, pour le délivrer de celui qu'elle voit comme l'incarnation du mal, un élément qui perverti le coeur si pur de l'"innocent" Kyoïchi. L'histoire d'amour naissante entre les deux hommes se voit donc interrompue et empêchée par l'action des femmes, venant au tournant afin de rappeler à la souris quel chemin il doit suivre.

Et encore une fois, je ne pouvais finir sans mon sempiternel, l'incontournable "Les 3 bonnes raisons de lire..."
1) A toutes les jeunes femmes en mal d'amour, ce manga vous donnera l'occasion de vous plonger dans une histoire d'amour mais pas une histoire classique, une relation pimentée et nourrie par l'expression d'une passion dévorante entre deux êtres qui se construisent, dont l'amour permet l'éducation et où la question de l'homosexualité est traitée de façon très juste.

2) Des scènes crues suivies de dialogues salaces et déjantés. Un décalage et une satire qui rendent ce manga unique et qui confortent les fidèles de Setona Mizushiro dans l'idée qu'elle est une virtuose de l'art du manga et qu'elle propose des histoires originales où l'humour est le petit grain de folie qui vient rehaussé le récit.


3) Pour ceux qui comme moi ne connaissait pas le style ni les autres mangas de cette auteur, Le Jeu du Chat et de la Souris est une excellente entrée en matière et une idée de cadeau en cette période de ruée vers les magasins en prévision de Noël. 

  Et enfin, la rubrique "J'aime/J'aime pas"! Alors, je dirais "J'aime et même j'adore". Grâce à ce manga, j'ai découvert le monde de l'homosexualité vu sous le prisme de l'humour et du réalisme. Les dessins, le graphisme ainsi que les dialogues sont d'une grande justesse et l'on se surprendrait même à transposer cette histoire au monde réel. Parfois même, j'ai eu envie de jouer ces scènes de dialogue à bâtons rompus et certaines expressions ubuesques resteront à jamais gravés dans ma mémoire.


2 commentaires:

  1. Un super yaoi que j'ai découvert, merci!!

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  2. Très bien écrit !
    Hélas, je ne suis pas emballée par l'histoire et les graphismes.

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